TGI de Bobigny – Homicide involontaire
Voici un cas d’homicide involontaire. C’est le procès de Nicolas, 23 ans,(le jeune homme aux bras plâtrés sur le dessin). Son ami Philippe devait comparaître également, mais il n’est pas venu.
L’histoire se déroule dans le cadre d’une soirée entre amis. 4 jeunes, la vingtaine, se réunissent dans le studio de Philippe, pour discuter et boire des coups. Tout se passe bien jusqu’à l’arrivée d’un cinquième invité, Georges, 35 ans, qui connaît un peu les convives sans être pour autant leur meilleur ami. En l’espace d’une demi-heure, il boit et fume à excès (et pas que du tabac ..), avant de tomber ivre mort sur le sol. Ça fait rire les invités, et puis, comme il ronfle fort, personne ne s’inquiète de son état. Éric et Martin profitent de son inconscience pour le déshabiller et lui faire des dessins sur le corps. Puis comme il se fait tard, les deux jeunes décident de rentrer chez eux.
Dans le studio, il ne reste plus que Philippe (le locataire du studio), Nicolas (celui qui comparaît au procès) , et Georges, toujours ivre et inconscient. Philippe dit qu’il ne peut pas laisser Georges dormir chez lui, parce qu’il n’y a pas assez de place . Il demande à Nicolas de l’aider à déplacer le corps sur le pallier. Le duo s’exécute.
Georges se retrouve en caleçon, dehors (il s’agit d’une cour intérieure) , le haut du dos contre la porte de chez Philippe. Nicolas rentre également chez lui, laissant l’homme ivre terminer sa nuit dehors.
Au petit matin, Nicolas revient… Et retrouve Georges mort au pas de la porte. Coma éthylique. Il s’est étouffé dans son propre vomi pendant la nuit.
Lors du procès, Nicolas comparaît libre, accusé d’homicide involontaire. Philippe n’est pas présent. Le tribunal ne fait pas de cadeau au jeune homme. Pourquoi avoir laissé Georges sans vêtement dans le froid ? Pourquoi ne pas s’être inquiété ? Pourquoi ne pas avoir appelé des secours ? Nicolas, avec ses grands yeux vitreux, sa politesse et son air ingénu, n’a pas de casier judiciaire. Il a l’air de regretter les faits. Il explique qu’il ne s’est pas inquiété parce que George ronflait fort (il imite le ronflement devant le Tribunal), et il ne l’a pas rhabillé quand il était dehors, c’est vrai, mais il lui a dit « de prendre soin de lui » avant de partir. Les assesseurs demandent dans quelle position exacte Philippe et lui ont laissé George sur le pallier. Nicolas s’allonge sur le dos, la tête un peu relevée, comme s’il était appuyé contre un mur, puis se redresse d’un bond sur ses pieds, sans s’aider de ses bras plâtrés. « Bon on va pas faire d’acrobaties non plus », dit le Président.
Suite au drame, Nicolas a vécu une période de dépression, puis a tenté de se réinsérer dans la vie professionnelle, il a décroché un petit job mais s’est fait agresser peu après son embauche, se retrouvant les 2 bras dans le plâtre et contraint au repos. Que sait-on de George, la victime ? 35 ans, profondément dépressif, grand consommateur de drogue et d’alcool. Des connaissances le décrivent comme « simplet ». « Simplet ?, s’interroge le Président, je ne vois pas ce que c’est ». Au procès, ses parents et sa sœur (représentés en haut du dessin, la soeur de profil et les parents de dos) sont effondrés et effarés par la non-assistance des autres invités face à l’état de leur fils.
Nicolas est déclaré coupable, et condamné à une peine d’emprisonnement de 13 mois dont 9 avec sursis. Philippe, également déclaré coupable, est condamné quant à lui à 18 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis.
Avec les aménagements de peine, Nicolas va pouvoir éviter la prison et passer un mois sous bracelet électronique.
Une histoire qui invite à la vigilance et à faire davantage attention aux invités qui boivent à l’excès… pour éviter le pire.