Attaques sur Call girls

14 septembre 2020,

Dans la salle Georges Vedel, Palais de Justice de Paris

Une jolie blonde de 24 ans apparaît sur les deux écrans prévus pour les visioconférences. Elle raconte ce qu’elle a subi, le 15 février 2017, alors qu’elle exerçait une activité de Call girl sur Paris : Un homme prend rendez-vous pour une prestation sexuelle et monte dans le airbnb que la jeune fille loue pour recevoir sa clientèle. Ils discutent 5 minutes pour faire connaissance, puis, prétendant avoir oublié son portefeuille, le client  fait mine de partir. En ouvrant la porte d’entrée, 3 autres hommes s’introduisent subitement dans l’appartement : le client est en fait un « faux client », un leurre. C’est lui qui est chargé de faire entrer les autres par surprise. La jeune femme est maîtrisée. On lui extorque sa carte bancaire ainsi que son code. S’en suivent des actes de violence qui vont durer plus d’une heure : coups (baffes sur les oreilles, étranglement, coups sur le haut du corps) et viol. Vers 22h et quelques, les 4 hommes partent, laissant la jeune femme vive mais secouée dans l’appartement.

Le compte bancaire de la Call girl est dans le rouge. Ils n’ont pas l’argent espéré. Ils recommenceront leur manigance dans quelques jours…

 

Entre décembre 2016 et février 2017,  7 personnes seront victimes de cette bande de garçons âgés de la vingtaine.

Leur procédé ? Se connecter sur un site de call girls, prendre rendez-vous, envoyer un « faux client » pour voir s’il n’y a pas un mac ou une autre personne avec la prostituée, puis s’introduire à plusieurs par surprise pour voler et violer la victime.

Mais qui sont ces jeunes hommes ? Ils sont 6 en tout impliqués dans ces affaires, 2 d’entre eux n’ont participé qu’à 1 intrusion chacun. ces deux-là comparaissent libres au procès, mais ils sont sous contrôle judiciaire depuis 2017. Les 4 autres sont dans le boxe des accusés, cela fait déjà 3 ans qu’ils sont en prison.

Aucun d’entre eux n’ont de « maladie mentale », ce sont des hommes sains, beaucoup avec des blessures certes, mais pas de personnalités psychotiques. Les 2 hommes qui comparaissent libres sont les plus intégrés socialement. L’un est colombien et travaille comme cuisinier. L’autre vient du Gabon, d’une famille studieuse dont les frères et sœurs ont tous suivi des études remarquables. A l’heure du procès, il réside au Québec où il poursuit lui-même des études, il a fait spécialement le voyage pour assister au procès.

Les 4 autres jeunes hommes dans le boxe sont plus « marginaux ». Leur dénominateur commun, selon le procureur ? L’errance. Une structure familiale faible et un manque de motivation dans les études. Certains ont déjà un casier judiciaire.

16 septembre 2020 – REQUISITIONS

L’avocat général prend la parole pour les réquisitions. Il parle d’un « roadtrip de violence » ; 39 crimes et 44 délits commis au préjudice de 7 victimes. Il manque quelqu’un que l’enquête n’a pas réussi à identifier : cet absent, c’est L’ESPRIT DE GROUPE. Cet Esprit de Groupe qui rend les agresseurs plus forts, plus impulsifs, et les victimes plus faibles. Cet Esprit de Groupe qui exacerbe les pulsions transgressives de chacun. Cet Esprit de Groupe qui soudait les accusés au moment des faits et qui les divise aujourd’hui. Chacun se renvoie la responsabilité des faits.

Un viol aggravé peut aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Un vol avec arme jusqu’à 30 ans. Etonnant vu de l’extérieur, car on pourrait penser qu’un viol est plus grave qu’un vol avec arme. Mais si le viol porte atteinte à la PERSONNE, le vol avec arme porte atteinte ET à la PERSONNE, ET au BIEN. Pour un viol sur une personne se livrant à la prostitution, la peine peut aller jusqu’à 15 ans. En revanche, la loi pénale punit plus sévèrement les auteurs qui, dans les circonstances, ont voulu MINIMISER les risques. En s’attaquant à des prostituées, les accusés se sont imaginés que les victimes n’oseraient pas porter plainte.

Cette affaire montre un tableau de la prostitution parisienne, de nature CRIMINOGENE. On s’attaque plus volontiers aux Call Girls qu’aux prostituées nigériennes qui œuvrent au bois de Boulogne, car les tarifs pratiqués ne sont pas les mêmes, et par conséquents, les butins escomptés non plus.

Selon les preuves apportées au cours des débats, il s’agit de départager les responsabilités et de savoir QUI a fait QUOI. A partir de là, les peines requises s’échelonnent de la peine d’emprisonnement avec sursis à 18 ans de réclusion criminelle. Celui qui a la plus haute peine, c’est l’accusé assis tout à gauche dans le boxe. C’est lui qui serait « le CHEF » de la bande, celui qui motive et qui organise.

PLAIDOIRIES

11 plaidoiries s’enchaînent l’après-midi du 16 septembre.

Pour les deux prévenus qui comparaissent libres, les avocats démontrent qu’ils sont stables professionnellement et socialement et qu’il n’y a pas de risques de récidives.

Pour les 4 autres accusés, beaucoup de plaidoiries sont des démonstrations sur QUI n’a PAS FAIT tels faits qui lui sont reprochés.

DELIBERES – 17 septembre 2020

Les deux accusés qui comparaissent libres ne feront pas de prison, ils ont écopé d’une peine avec sursis. Quant aux quatre hommes dans le boxe, les peines s’échelonnent de 10 à 16 ans de réclusion criminelle. Ils ont la vingtaine aujourd’hui : ils seront des hommes de plus de 35 ans à leur sortie.

Accusé 1 (tout à gauche dans le boxe) : 16 ans de réclusion criminelle

Accusé 2 (2 ème à partir de la gauche dans le boxe)  : 10 ans de réclusion criminelle

Accusé 3 : 13 ans de réclusion criminelle et 10 ans d’interdiction du territoire Français

Accusé 4 : 14 ans de réclusion criminelle

Accusé 5 (comparaît libre, à gauche sur le dessin ): 5 ans avec sursis

Accusé 6 (comparaît libre, à droite sur le dessin) : 5 ans avec sursis + 10 ans d’interdiction de territoire